“Vacance des lieux et urbanisme temporaire, territoires et enjeux urbains”
Par Chloé Dauzat & Bérénice Perrein
/// Cette année l’école d’architecture de Marne-la-Vallée organise, en partenariat avec le DSAA Alt-U, une table ronde sur le thème de la vacance des lieux et de l’urbanisme temporaire. Celle-ci s’échelonne sur trois rendez-vous permettant de réunir des acteurs variés comme des scientifiques, des universitaires, des acteurs de terrain et témoins, définissant ainsi le thème de manière globale et précise.
Si toute ville est, de façon permanente, en situation transitoire, marquée par les ravaudages du tissu bâti et les épisodes de renouvellement, le contexte de crise des dernières décennies a provoqué des situations urbaines non maîtrisées. Le passage entre un délaissé urbain et un possible projet à l’avenir peut être celui d’un « urbanisme transitoire » qui consiste à s’installer dans des espaces « en attente », s’implanter à différents endroits et à divers moments de la transformation urbaine. De nouveaux acteurs émergent et expérimentent de nouvelles offres, de même que des acteurs traditionnels de l’aménagement se positionnent aussi aujourd’hui sur de nouvelles missions de maîtrise d’ouvrage. Pour autant, et face à la diversité de ces contextes territoriaux, les occupations temporaires constituent-elles de nouvelles manières de faire et de requalifier la ville ? Permettent-elles, et à quelles conditions, d’accélérer la réalisation de projets, d’en favoriser l’appropriation sociale et d’optimiser l’usage du foncier disponible dans l’espace et dans le temps ?
La table-ronde de l’après-midi d’études du jeudi 30 novembre 2017 est consacrée à l’état des lieux de la vacance en contexte urbain et péri-urbain afin d’en identifier les mécanismes et les acteurs. Une première étape de définition des problèmes urbains engendrant la vacance suivie d’une présentation de nouveaux modèles d’actions est abordée par Nadia Arab (professeure à l’École d’Urbanisme de Paris Lab’Urba – UPE) et Yoann Miot (maître de conférence, École d’Urbanisme de Paris, Latts – UPE). Paul Citron (urbaniste-géographe et cofondateur de l’association « Plateau urbain ») et Franck Faucheux (ingénieur-architecte, expert auprès de « Plateau urbain ») ont présenté leur organisme et leur plateforme internet qui localise des espaces inoccupés afin de les transformer en outils dynamique du territoire. Pascal Madry (urbaniste-chercheur, directeur de l’Institut pour la ville et le commerce), quant à lui, a présenté la vacance commerciale, son chiffrage difficile et les différents facteurs qui influent sur celle-ci. Enfin Jérémy Aufrère (chargé d’études, Agence de Développement et d’Urbanisme de Lille Métropole) s’est appuyé sur l’exemple de l’agglomération de Lille et de Roubaix pour appuyer son propos sur la déprise urbaine.
La matinée d’étude du vendredi 2 février était intitulée “Occupation temporaire : explorer de nouvelles urbanités”. Quatre intervenants ont apporté un témoignage sur des expériences d’occupation temporaire en réponse à la question de la vacance urbaine et de la vacance des sols. Cécile Diguet et Agathe Vincent, toute les deux urbanistes pour IAU Ile-de-France (et architecte pour la seconde) ont introduit la table ronde en posant la question de la finalité d’une occupation temporaire : est-ce une optimisation foncière ou une fabrique urbaine partagée ? Leurs propos étaient illustrés par trois études de cas au profils variés que sont le 6B sur l’île Saint-Denis, la pépinière des Groues à Nanterre, la Réserve à Malakoff. Puis est intervenu Sébastien Verleene, architecte et enseignant chercheur à l’université catholique de Louvain. Son terrain d’études concerne les habitats ruraux et dispersés : “observer et construire la vacance des sols.” Il arpente à pied des territoires entièrement dessinés par la machine agricole et questionne la liberté des espaces ruraux. Antoine Aubinais, le dernier intervenant de cette matinée d’étude, est architecte et co-fondateur de l’association Bellastock. Son témoignage portait sur l’expérience de cette association qui développe une architecture expérimentale qui repose sur le réemploi de matériaux. Leurs réalisations s’appuient pour la plupart sur un échange avec le grand public et créent une dynamique innovante, écologique et solidaire.
Le cycle de rencontre se termine par l’après-midi du 12 avril autour du thème : “Le temporaire comme préfiguration du projet urbain”. L’objectif était d’observer les apports que l’occupation transitoire génère au profit du projet urbain. Le propos introductif est dispensé par Philippe Bachimon qui apporte son regard de géographe sur les espaces urbains en friche. Au travers de plusieurs exemples, il analyse l’évolution de la valeur (marchande et symbolique) d’un lieu qui passe par une phase de friche.
La table ronde qui a suivi était composée de deux binômes aménageur/”occupeur de friche”. Le premier binôme nous a présenté l’expérience de la “ZAC Saint-Vincent de Paul à Paris”. Nommée ainsi par l’architecte urbaniste Yannick Beltrando ce lieu est plus connue du grand public sous le nom des “Grands Voisins”, projet pour lequel Aurore Rapin, architecte et urbaniste également, a été mobilisée avec l’association YesWeCamp. Le second binôme a témoigné du travail effectué sur la “ZAC des Tartres” : la chargée de projet Elodie Berthomier qui dirige l’aménagement de ce lieu, face à Nils Audinet, paysagiste représentant l’association Chifoumi qui occupe temporairement le lieu dans une démarche d’étude de restauration et de réappropriation des sols. Ces échanges ont révélé le balbutiement d’un dialogue fécond qui se crée entre occupation temporaire et grand projet urbain.
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