Que sont les « alternatives urbaines » ?

DSAA Alt-U // Diplôme Supérieur d’Arts Appliqués, Alternatives Urbaines.

Comment le projet architectural peut-il anticiper la fin des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) ? Comment faire de l’espace sans contredire l’idée que moins on construit, moins on consomme de l’énergie ? Faire, ne pas faire, faire autrement ? Peut-on croire que la course à la puissance technique est la solution pour réduire l’impact négatif de nos sociétés industrialisées sur la terre ? Comment prévenir le sentiment d’insatisfaction qui peut facilement gagner tous les acteurs d’un processus de projet ? L’approche compétitive et comptable (« plus c’est grand, plus c’est beau ») est-elle un gage d’accès au bonheur ? Comment réenvisager la ville dans ce qu’elle a de positif ? Est-ce aujourd’hui une réponse que de privilégier la qualité, la maîtrise et l’appropriation de l’espace ?

Voilà quelques unes des questions qui animent le DSAA de Vitry-sur-Seine qui, tout en s’inscrivant dans le cadre national de la formation de DSAA en design d’espace, développe un projet pédagogique spécifique : en préparant en 2 ans des étudiants entrant avec un niveau minimum de Bac+2 aux métiers de l’architecture, du paysage et de la scénographie, la formation se donne également pour ambition de participer activement à l’émergence de nouvelles «alternatives urbaines».

Que recouvre cette appellation ?

Les alternatives urbaines correspondent à des manières d’aborder la conception d’espace qui diffèrent des méthodes traditionnelles. Elles ne sont pas un champ spécifique du design d’espace, de même que le DSAA de Vitry n’est pas une formation d’urbanisme. Si les projets qui y sont menés interrogent la transformation des situations construites et le grand bazar des villes contemporaines, c’est d’abord à partir des habitants, humains, faune et flore, dont les pratiques se tissent pour inventer de nouvelles manières d’habiter la Terre et construire des territoires propices à l’émancipation de chacun(e).  En résonance avec des démarches déjà à l’œuvre dans les pratiques professionnelles émergentes, la formation invite les étudiants à s’ouvrir à de nouveaux modes de conception : autres manières d’appréhender la commande, travail de co-construction avec l’ensemble des usagers, attention particulière portée à la qualité des relations entre les personnes concernées par la mutation des situations en jeu, prise en charge globale du projet grâce à des compétences trans-disciplinaires mêlant – entre autres – pratique architecturale et paysagère, culture anthropologique et médiation.

Les étudiants sont amenés à s’interroger sur les dispositifs spatiaux et relationnels à favoriser pour permettre aux habitants concernés de construire de nouvelles autonomies à l’échelle du voisinage, de la rue ou du quartier, mais aussi de nouvelles solidarités à l’échelle métropolitaine, régionale ou mondiale.

A travers des notions fortes comme la convivialité (au sens d’Ivan Illich), l’équité et la diversité sociale, l’attention portée aux milieux et aux écosystèmes ou la sobriété énergétique heureuse, ils questionnent leur participation à la marche d’un monde qui, avec eux, est en train de basculer. Vers où, vers quoi, et avec qui ? C’est eux qui le vivront, eux qui nous le diront.

Comment s’organise la formation ?

Principalement autour de workshops menés avec des partenaires, de projets développés autour de situations réelles et appréhendables, nourris par un travail suivi avec des intervenants extérieurs, réguliers ou ponctuels, l’organisation ou la participation à des séminaires et colloques, voyages d’étude, la participation à des démarches de “permanence architecturale”…

En plus des apprentissages techniques, l’ensemble des enseignements cherche la diversification des points de vue autour de problématiques identifiées, communes et inscrites dans le projet pédagogique.
Un certain nombre d’intervenants engagés ont accepté de soutenir notre projet en collaborant à nos actions et dispositifs pédagogiques, parmi lesquels : Thierry Paquot (philosophe de l’urbain), Dominique Mathieu (designer), Patrick Bouchain (architecte et scénographe), Tibo Labat (collectif Fertile…), Etienne Delprat (collectif YA+K), Stephan Shankland (plasticien), Daniel Purroy (plasticien), Clément Poma (MONsTR), Sébastien Marot (philosophe et historien), Gilles Tiberghien (nature, art, paysage), Benoit Santiard (designer graphique), Laurence Crémel (paysagiste), Nils Audinet & Méryl Septier (Chifoumi), Manuel Charpy (historien), André Ravéreau (architecte), Daniel Jeanneteau (metteur en scène et scénographe), Agathe Chiron (architecte d’intérieur, designer), Nicolas Bonnenfant (Coloco), Elisa Dumay (De l’Aire), Nina Santès (danseuse et chorégraphe), Hélène Bucher (association ICI), Antoine Quenardel (paysagiste), Agnès Sinaï (institut Momentum), Maurice Chaudière (poète, philosophe et apiculteur alternatif), Agnès Sourisseau (paysagiste), Sarah Piacentino (médiatrice CapaCités), Pierre Lacourt (cinéaste), Pauline Maraninchi (Clinamen), Antonin Defaÿ (Incroyables commestibles), Pierre Lavigne (ingénieur bBio-climatique), Jérôme Aubert (Fondation Ardouvin), Vincent Beillard (maire de Saillans), Doris Buttignol (cinéaste)…